Urgence absolue by Christian Jacq

Urgence absolue by Christian Jacq

Auteur:Christian Jacq [Jacq, Christian]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: XO Éditions
Publié: 2017-11-04T23:00:00+00:00


* * *

1. L’espion des lèvres.

54.

Après avoir débarqué à Chypre, John Patmos avait pris la direction de Zurich. La Suisse étant dans l’espace Schengen et se laissant peu à peu dévorer par l’Europe, pas de contrôle aux frontières et libre circulation.

Avant de rejoindre le pays où il s’équiperait pour le rude combat à venir, le dernier Supérieur inconnu devait franchir une étape décisive en invoquant l’esprit de Saint-John. Et c’était dans sa ville natale, Saint-Maurice, et plus précisément au cœur de son abbaye, que Patmos entrerait en contact avec l’âme de son frère disparu et lui demanderait le feu vert. S’il le lui refusait, il ne resterait qu’à se retirer loin d’un monde hostile.

D’abord le train, aux horaires strictement respectés, puis un taxi jusqu’à l’abbaye, qui avait fêté en 2015 le 1500e anniversaire de sa fondation, déplorant, avec une discrétion toute helvétique, l’absence du pape François, lequel se méfiait des racines chrétiennes de l’Europe1.

L’antique cité d’Agaune2 était à la fois un point de passage stratégique et un lieu de culte où l’on honorait des dieux anciens, comme Mercure, l’héritier du Thot égyptien, maître des paroles de puissance. Et Maurice était un Égyptien, originaire de Thèbes, la Louxor moderne. Avec ses compagnons venus de la terre des pharaons, il était chargé de la sécurité des lieux.

Une sécurité que l’empereur romain Maximien avait jugée compromise par des chrétiens considérés, à la fin du IIIe siècle apr. J.-C., comme une menace pour le pouvoir. Ordre fut donné à Maurice de les exécuter. Et l’officier répondit : « Nous sommes tes soldats, empereur, mais avant tout serviteurs de Dieu. Nous te devons obéissance militaire, mais nous Lui devons l’innocence. Nous préférons mourir innocents que vivre coupables3. »

Accusés de haute trahison, Maurice et ses compagnons furent condamnés à mort. Le christianisme ayant survécu à l’Empire romain, leur châtiment devint un martyre, et leurs ossements des reliques. Et ce fut le roi des Burgondes, Sigismond, qui fonda en 515 une abbaye à l’activité ininterrompue depuis cette date, en dépit des modifications du premier sanctuaire.

Adossée à la roche, à la fois protectrice et menaçante, l’abbaye de Saint-Maurice était un « lieu de pouvoir », selon la terminologie des Indiens d’Amérique. Croyant ou non, le visiteur ressentait une force étrange, capable de vaincre le temps, et qui l’arrachait brusquement à son époque.

L’endroit ressemblait à Saint-John. Adolescent, il y avait puisé un dynamisme quasi surnaturel tout au long de sa carrière de bâtisseur d’empire. Et comme le soldat venu de Thèbes, Saint-John avait péri en martyr, assassiné par la Machine.

La plupart des touristes se précipitaient sur le fabuleux trésor de l’abbaye, qui comptait un nombre impressionnant de chefs-d’œuvre, comme l’aiguière dite « de Charlemagne », la châsse des enfants de saint Sigismond ou le buste-reliquaire de saint Candide. Or et pierres précieuses témoignaient de la splendeur d’une culture qui n’avait pas honte de la richesse des matériaux. Chaque année, le 22 septembre, on portait encore en procession la grande châsse contenant les reliques de saint Maurice.

John Patmos s’intéressait à d’autres endroits de l’abbaye, moins spectaculaires.



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